« Pour vous, Jean… toujours Jean… dit-elle en tendant la main à ses deux compatriotes.
— Toujours… mademoiselle… répondit Germain Paterne en s’inclinant.
— Oui… Jean… mon cher Jean… répondit Jacques Helloch, et il en sera ainsi jusqu’au jour où nous aurons remis Mlle Jeanne de Kermor entre les mains de son père. »
Il va de soi que Germain Paterne ne crut devoir faire aucune observation au sujet de ce voyage qui allait se prolonger jusqu’aux sources de l’Orénoque et peut-être au-delà.
Personnellement, cette circonstance ne lui déplaisait point, et elle lui procurerait mainte occasion d’enrichir ses collections, en botanisant à travers la flore du haut fleuve. Cela lui permettrait de compléter sa mission de naturaliste, et décidément le ministre de l’Instruction publique serait mal venu à blâmer qu’elle se fût étendue si loin.
Quant à Jeanne de Kermor, elle ne pouvait qu’être profondément touchée à la pensée que les deux jeunes gens allaient joindre leurs efforts aux siens, l’accompagner à la Mission de Santa-Juana, braver dans son intérêt les éventualités de cette expédition, accroître ainsi ses chances de réussite. Aussi son cœur débordait-il de reconnaissance envers celui qui l’avait arrachée à la mort, et qui voulait être à ses côtés pendant tout le voyage.
« Mon ami, dit-elle au sergent Martial, que la volonté de Dieu s’accomplisse !… Dieu sait ce qu’il fait…
— Avant de le remercier, j’attendrai la fin ! » se borna à répondre le vieux soldat.
Et il s’en fut grommeler en son coin, honteux comme un oncle qui a perdu son neveu.
Il va sans dire que Jacques Helloch avait déclaré à Germain Paterne :
« Tu comprends bien que nous ne pouvions pas abandonner Mlle de Kermor…