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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/280

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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

vera au rancho de Danaco, sans parler du village, qui est déjà l’un des plus importants du territoire…

— Plus important que la Esmeralda ?… demanda Jacques Helloch, en citant le nom de l’un des villages de l’amont.

— Assurément, car cette petite bourgade est abandonnée désormais, répondit le commissaire, tandis que Danaco est en pleine prospérité. Vous en jugerez, lorsque vous passerez devant la Esmeralda. D’ailleurs, les Mariquitares sont des Indiens travailleurs et industrieux, et vous pouvez observer que leurs cases sont autrement confortables que celles des Mapoyos ou des Piaroas du moyen Orénoque.

— Cependant, reprit Jacques Helloch, nous avons fait connaissance à la Urbana d’un M. Marchal…

— Je sais… je sais ! répondit Manuel Assomption. C’est le propriétaire du hato de la Tigra… Un homme intelligent… J’en ai entendu dire du bien… Mais, en somme, son hato ne deviendra jamais bourgade, et bourgade sera un jour notre village de Danaco dans lequel nous arrivons en ce moment. »

Peut-être y avait-il un peu de jalousie du commissaire envers M. Marchal.

« Et où la jalousie va-t-elle se nicher ?… » put se demander fort à propos Jacques Helloch.

Du reste, Manuel Assomption n’avait dit que la vérité relativement au village dont il parlait avec un juste orgueil. À cette époque, Danaco se composait d’une cinquantaine d’habitations, auxquelles le nom de paillotes n’eût point convenu.

Ces cases reposent sur une sorte de soubassement cylindro-conique, que domine un haut toit en feuilles de palmier, terminé par une pointe agrémentée de quelques pendeloques à sa base. Le soubassement est entrelacé de branches solidement reliées entre elles, et cimentées d’un gâchis de terre, dont les fendillements lui donnent l’apparence d’une maçonnerie de brique.

Deux portes, l’une à l’opposé de l’autre, permettent de s’introduire