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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/284

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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

où se tenait la femme de Manuel Assomption, métisse d’Indien du Brésil et d’une négresse, accompagnée de ses deux fils, vigoureux gaillards de vingt-cinq et trente ans, d’un teint moins foncé que leurs père et mère.

Jacques Helloch et ses compagnons reçurent un accueil très cordial. Comme toute cette famille comprenait et parlait l’espagnol, la conversation put s’établir sans difficultés.

« Et d’abord, puisque la Gallinetta est en réparation pour quarante-huit heures, le sergent et son neveu demeureront ici, dit M. Manuel en s’adressant à sa femme. Tu leur prépareras une chambre ou deux à leur convenance.

— Deux… si vous le voulez bien… répondit le sergent Martial.

— Deux, soit, reprit le commissaire, et si M. Helloch et son ami veulent coucher au rancho…

— Nous vous remercions, monsieur Manuel, répondit Germain Paterne. Notre pirogue, la Moriche, est en bon état, et, désireux de ne point vous occasionner tant de peine, nous retournerons ce soir à bord…

— Comme il vous plaira, répliqua le commissaire. Vous ne nous gêneriez pas, mais nous ne voulons vous gêner en rien. »

Puis, à ses fils :

« Il faudra envoyer quelques-uns de nos meilleurs péons afin d’aider les équipages des falcas…

— Et nous y travaillerons avec eux », répondit le plus âgé des garçons.

Il prononça ces mots en s’inclinant respectueusement devant son père et sa mère, — marques de respect qui sont habituelles chez les familles du Venezuela.

Après le déjeuner, très abondant en gibier, en fruits et en légumes, M. Manuel interrogea ses hôtes sur le but de leur voyage. Jusqu’alors, le haut Orénoque n’était guère fréquenté que par les rares marchands qui se rendaient au Cassiquiare, en amont de Danaco. Au-delà, la navigation ne comportait plus aucun commerce, et, seuls,