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DERNIERS CONSEILS DE M. MANUEL ASSOMPTION.

Privés de leur chef par la mort de Meta Sarrapia, ces Indiens, les plus redoutés de tous les indigènes, se rangèrent sous les ordres d’Alfaniz. En réalité, c’était bien à sa bande que devaient être attribués les pillages et les massacres dont les provinces méridionales de la république avaient été le théâtre depuis un an.

Ainsi, la fatalité voulait que cet Alfaniz parcourût précisément ces territoires où Jeanne de Kermor et le sergent Martial venaient rechercher le colonel. Nul doute, si son accusateur tombait entre ses mains, que le forçat se montrât sans pitié envers lui. Ce fut une nouvelle appréhension ajoutée à tant d’autres pour la jeune fille, et elle ne put retenir ses larmes, à la pensée que le misérable envoyé au bagne de Cayenne, et qui en voulait mortellement à son père, s’en fût échappé…

Jacques Helloch et M. Manuel, cependant, lui firent entendre de rassurantes paroles. Quelle apparence qu’Alfaniz eût découvert l’endroit où s’était retiré le colonel de Kermor — ce qu’aucune enquête n’avait jusqu’alors révélé ?… Non !… il n’y avait pas à craindre que celui-ci fût tombé entre ses mains…

Dans tous les cas, il importait de faire diligence, de continuer les démarches, de ne se permettre aucun retard, de ne reculer devant aucun obstacle.

Du reste, tout allait être prêt pour le départ. Les hommes de Valdez, — Jorrès compris, — s’occupaient de recharger la Gallinetta, qui pourrait démarrer dès le lendemain.

M. Manuel ramena à l’habitation du rancho, afin d’y passer cette dernière soirée, ses hôtes reconnaissants du bon accueil qu’ils avaient trouvé à Danaco.

Après le souper, la conversation reprit de plus belle. Chacun prenait bonne note des instantes recommandations du commissaire, — surtout en ce qui concernait la surveillance à exercer à bord des pirogues.

Enfin, l’heure étant venue de se retirer, la famille Assomption reconduisit les passagers jusqu’au petit port.