services si communs à bord, qui avaient paru s’intéresser à ce jeune garçon, durement mené par cet oncle bourru et peu sociable, comme ils avaient été remis à leur place, avec injonction de ne pas recommencer !
Si le neveu était vêtu d’un simple costume de voyage, large de coupe, le veston et le pantalon flottant, le chapeau-casque d’étoffe blanche sur des cheveux tondus courts, les bottes à forte semelle, l’oncle, au contraire, était sanglé dans sa longue tunique. Elle n’était pas d’uniforme, mais elle rappelait la tenue militaire. Il n’y manquait que les brisques et les épaulettes. Impossible de faire comprendre au sergent Martial que mieux valait des habits amples appropriés au climat vénézuélien, et que, par conséquent, il aurait dû les adopter. S’il ne portait pas le bonnet de police, c’est que Jean l’avait obligé à se coiffer d’un casque de toile blanche, semblable au sien, lequel protège mieux que toute autre coiffure contre les ardeurs du soleil.
Le sergent Martial avait obtempéré à l’ordre. Mais « ce qu’il se fichait pas mal du soleil ! » avec sa tête fourrée de cheveux ras et rudes, et son crâne en tôle d’acier.
Il va de soi que, sans être trop encombrantes, les valises de l’oncle et de son neveu contenaient, en fait de vêtements de rechange, de linge, d’ustensiles de toilette, de chaussures, tout ce qu’exigeait un pareil voyage, étant donné qu’on ne pourrait rien renouveler en route. Il y avait des couvertures pour le coucher, et aussi des armes et des munitions en quantité suffisante, une paire de revolvers pour le jeune garçon, une seconde paire pour le sergent Martial — sans compter une carabine, dont, très adroit tireur, il se promettait de faire bon usage à l’occasion.
À l’occasion ?… Les dangers sont-ils donc si grands à travers les territoires de l’Orénoque, et convient-il d’être toujours sur la défensive, comme en ces pays de l’Afrique centrale ?… Est-ce que les rives du fleuve et leurs abords sont incessamment battus par des bandes d’Indiens, pillards, massacreurs, anthropophages ?…