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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/327

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TERRIBLES INQUIÉTUDES.

« Non… non !… ne retournons pas à San-Fernando… J’irai jusqu’à la Mission… J’irai jusqu’à ce que j’aie retrouvé mon père… À Santa-Juana… à Santa-Juana !… »

Puis elle retomba, presque sans connaissance, après ce suprême effort.

Jacques Helloch ne savait quel parti prendre. À céder aux instances du sergent Martial, ne serait-ce pas risquer de déterminer chez la jeune fille une crise funeste, si elle voyait la pirogue redescendre le fleuve ? En somme, ne valait-il pas mieux continuer le voyage, atteindre Santa-Juana, où les secours étaient aussi assurés qu’à San-Fernando ?…

Et alors, Jacques Helloch s’adressait à Germain Paterne :

« Tu ne peux donc rien !… s’écriait-il, d’une voix désespérée. Tu ne connais donc pas un remède qui puisse couper cette fièvre dont elle meurt !… Ne vois-tu pas que la pauvre enfant dépérit chaque jour ?… »

Germain Paterne ne savait que répondre, ni que faire au-delà de ce qu’il avait fait. Le sulfate de quinine, dont la pharmacie était suffisamment approvisionnée, n’avait pu enrayer cette fièvre, bien qu’il eût été administré à haute dose.

Et, lorsque le sergent Martial, lorsque Jacques Helloch le pressaient de leurs questions, de leurs prières, il ne trouvait que ceci à répondre :

« Le sulfate de quinine est malheureusement sans effet sur elle !… Peut-être faudrait-il recourir à des herbes… à des écorces d’arbres… Il doit s’en trouver sur ces territoires… Mais qui nous les indiquera et comment se les procurer ?… »

Valdez et Parchal, interrogés à ce sujet, confirmèrent le dire de Germain Paterne. À San-Fernando, on faisait communément usage de certaines substances fébrifuges du pays. Ce sont de véritables spécifiques contre les fièvres engendrées par les émanations marécageuses, dont les indigènes comme les étrangers ont tant à souffrir au cours de la saison chaude.