Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Il allait chez le capitan de ce sitio.

Que voulait-il ?…

Il voulait lui demander d’arracher la mourante à la mort !…

Le capitan occupait une case assez confortable, telle que le sont généralement celles des Mariquitares. C’était un Indien d’une quarantaine d’années, intelligent et serviable, qui reçut les deux visiteurs avec empressement.

Sur l’insistance de Jacques Helloch, Parchal lui posa immédiatement la question relative au coloradito.

Le capitan connaissait-il cette écorce ?… Cet arbrisseau poussait-il sur la région du Mavaca ?…

« Oui, répondit l’Indien, et nous en faisons souvent usage contre les fièvres…

— Et il les guérit ?…

— Toujours. »

Ces propos s’échangeaient en cette langue indienne, que Jacques Helloch ne pouvait comprendre. Mais, lorsque Parchal lui eut traduit les réponses du capitan :

« Que cet Indien nous procure un peu de cette écorce… s’écria-t-il. Je la lui paierai ce qu’il en voudra… de tout ce que j’ai !… »

Le capitan se contenta de tirer d’un des paniers de sa case quelques débris ligneux, et il les remit à Parchal. Un instant après, Jacques Helloch et le patron étaient de retour à bord de la Gallinetta.

« Germain… Germain… le coloradito… le coloradito !… »

C’est tout ce que put dire Jacques Helloch.

« Bien, Jacques !… répondit Germain Paterne. Le nouvel accès de fièvre n’est pas revenu… C’est le moment… Nous la sauverons… mon ami… nous la sauverons ! »

Tandis que Germain Paterne préparait la décoction, Jacques Helloch, près de Jeanne, la rassurait… Jamais fièvre n’avait résisté à ce coloradito… On pouvait en croire le capitan de Mavaca…

Et la pauvre malade, ses yeux agrandis, ses joues blanches comme