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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Hum ! fit Germain Paterne, qui songeait à ses collections de naturaliste plus qu’à ses chemises et à ses chaussettes.

— D’ailleurs, objecta Jean, qui sait si des recherches ultérieures ne nous conduiront pas au-delà de Santa-Juana…

— En effet, et dans ce cas, répondit Jacques Helloch, faute de trouver à la Mission tout ce qui nous serait nécessaire, nous ferions venir nos bagages. C’est ici que les pirogues attendront notre retour. Parchal et Valdez, ou tout au moins l’un d’eux, les gardera avec nos bateliers. La Mission n’est pas à une distance telle qu’un homme à cheval ne puisse la franchir en vingt-quatre heures, et sans doute les communications sont faciles avec Santa-Juana.

— Votre avis est donc, monsieur Helloch, reprit Jean, de n’emporter que l’indispensable à un voyage qui durera au plus trois ou quatre jours…

— C’est, à mon avis, mon cher Jean, le seul parti qui convienne, et je vous proposerais de nous mettre immédiatement en route, si nous n’avions pas à organiser le campement à l’embouchure du rio Torrida. N’oublions pas que nous devons y retrouver les pirogues, lorsque nous voudrons redescendre l’Orénoque pour revenir à San-Fernando…

— Avec mon colonel… s’écria le sergent Martial.

— Avec mon père ! » murmura Jean.

Un nuage de doute avait assombri le front de Jacques Helloch. C’est qu’il pressentait bien des difficultés et redoutait bien des obstacles avant d’être arrivé au but !… D’autre part, obtiendrait-on à Santa-Juana des renseignements précis qui permettraient de se lancer avec quelques chances de réussite sur les traces du colonel de Kermor ?…

Toutefois, il se garda de décourager ses compagnons. Les circonstances lui avaient fait accepter d’aller jusqu’au bout de cette campagne, et il ne reculait devant aucun danger. Devenu le chef de cette expédition, dont le succès était peut-être si éloigné, il avait le devoir d’en prendre la direction, et il ne négligerait rien pour accomplir ce devoir.