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LE GUÉ DE FRASCAÈS.

— Je désire être fixé sur le cours du rio Torrida, et, peut-être Gomo pourra-t-il me fournir les renseignements qui me sont nécessaires… »

La jeune fille jeta un regard plus interrogateur sur Jacques Helloch, qui baissa la tête.

« Maintenant, Gomo, dit-il, voici l’endroit où nous avons laissé nos pirogues… voici la forêt où était la case de ton père… voici l’embouchure du rio Torrida…

— Là… là… répondit le jeune Indien, en posant le doigt sur la carte.

— Là même, Gomo, et, fais bien attention… je vais suivre le cours du rio dans la direction de Santa-Juana, et tu m’arrêteras s’il y a erreur. »

Jacques Helloch promena son doigt sur la carte, en obliquant vers le nord-est, après avoir contourné la base de la sierra Parima pendant une cinquantaine de kilomètres. À ce point, il fit une croix au crayon et dit :

« Là doit être la Mission ?…

— Oui… là…

— Et le rio Torrida en descend ?…

— Oui… comme il est marqué.

— Mais ne descend-il pas de plus haut ?…

— De plus haut, certainement, et quelquefois nous l’avons remonté au-delà.

— Santa-Juana se trouve alors sur la rive gauche…

— Sur la rive gauche.

— Il faudra donc le traverser, puisque nous sommes sur la rive droite…

— Il le faudra… monsieur… et ce sera facile.

— Comment ?…

— Il y a… au-dessus… un passage, avec des roches où l’on peut mettre le pied, quand les eaux sont basses… un gué qu’on appelle le gué de Frascaès.