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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/391

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LE GUÉ DE FRASCAÈS.

Jacques Helloch, tout en marchant, fit connaître cette réponse à Valdez.

« Oui… en six ou sept heures, dit-il, le Père Esperante pourrait être prévenu que notre petite troupe se dirige vers Santa-Juana… Il n’hésiterait pas à nous envoyer des renforts… Il viendrait lui-même sans doute…

— En effet, répondit Valdez. Mais, laisser partir l’enfant, ce serait nous priver de notre guide, et je crois que nous avons besoin de lui, puisqu’il connaît le pays…

— Vous avez raison, Valdez, Gomo nous est nécessaire, et surtout pour le passage du gué de Frascaès…

— Nous y serons vers midi, et, une fois le gué franchi, nous verrons…

— Oui… nous verrons… Valdez !… C’est peut-être à ce gué qu’est le danger. »

Et qui sait si un danger plus prochain ne menaçait pas Jacques Helloch et ses compagnons avant qu’ils y fussent arrivés ?… Après avoir reconnu le campement établi sur la rive droite du Torrida, Jorrès n’avait-il pu remonter la rive gauche du rio avec la bande d’Alfaniz ?… Et, puisque les Quivas avaient une avance de quelques heures, était-il impossible qu’ils eussent déjà franchi le gué de Frascaès ?…

Et maintenant, ne redescendaient-ils pas la rive droite où ils devaient rencontrer la petite troupe ?… Cette hypothèse était vraisemblable.

Cependant, à neuf heures, Valdez, qui s’était éloigné de quelques centaines de pas, put affirmer, lorsqu’il eut rejoint, que la route semblait libre. Quant à l’autre rive, rien n’y indiquait la présence des Quivas.

Jacques Helloch eut alors la pensée de faire halte en cet endroit, après avoir demandé à Gomo :

« À quelle distance sommes-nous du gué ?…

— À deux heures de marche environ, répondit le jeune Indien, qui ne savait guère évaluer les distances que par le temps nécessaire à les parcourir.