Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
357
LE GUÉ DE FRASCAÈS.


Jacques Helloch et Valdez ne cessaient d’observer anxieusement l’autre rive, sans négliger toutefois celle qu’ils longeaient en remontant le rio.

Rien de suspect encore.

Peut-être les Quivas attendaient-ils la petite troupe au gué de Frascaès ?

Vers une heure après midi, Gomo indiqua à quelques centaines de pas un coude du rio, lequel, en obliquant vers l’est, disparaissait derrière un gros massif de rocs dénudés.

« C’est là, dit-il.

— Là ?… » répondit Jacques Helloch, qui fit signe à ses compagnons de s’arrêter.

Et, s’approchant de manière à reconnaître le cours du rio Torrida, il constata que son lit était encombré de pierres et de sables, entre lesquels ne coulaient plus que de minces filets d’eau aisément franchissables.

« Voulez-vous que j’aille en avant examiner les abords du gué ?… proposa Valdez à Jacques Helloch.

— Faites, Valdez, mais, par prudence, ne vous aventurez pas de l’autre côté, et revenez ici dès que vous aurez vu si la route est libre. »

Valdez partit, et, quelques minutes après, on le perdit de vue au tournant du Torrida.

Jacques Helloch, Jean, le sergent Martial, Gomo et les porteurs attendaient en groupe serré près de la berge. Germain Paterne s’était assis.

Si maître qu’il fût de lui-même, Jacques Helloch ne parvenait pas à dissimuler ses appréhensions.

Gomo demanda alors :

« Pourquoi ne continuons-nous pas ?…

— Oui, pourquoi… ajouta Jean, et pourquoi Valdez a-t-il pris les devants ?… »

Jacques Helloch ne répondit rien. Il se détacha du groupe, et fit