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LE GUÉ DE FRASCAÈS.

gent Martial… qu’auraient pu les revolvers des mariniers contre cette centaine d’hommes, qui occupaient et fermaient le gué de Frascaès ?… Jacques Helloch et ses compagnons, aussitôt entourés, furent mis dans l’impossibilité de repousser l’attaque.

À ce moment même, Valdez apparut au milieu d’un groupe vociférant de Quivas.

« Valdez !… s’écria Jacques Helloch.

— Ces coquins m’ont pris comme dans un terrier !… répondit le patron de la Gallinetta.

— Et à qui avons-nous affaire ?… demanda Germain Paterne.

— À la bande des Quivas… répondit Valdez.

— Et à son chef !… » fut-il ajouté d’une voix menaçante.

Un homme se tenait debout sur la rive, ayant près de lui trois individus, qui n’étaient pas de race indienne.

« Jorrès !… s’écria Jacques Helloch.

— Appelez-moi de mon nom… Alfaniz !

— Alfaniz ! » répéta le sergent Martial.

Et son regard comme celui de Jacques Helloch, empreints d’épouvante, se portèrent sur la fille du colonel de Kermor.

Jorrès était bien cet Alfaniz, qui s’était évadé du bagne de Cayenne avec trois forçats, ses complices.

Après avoir remplacé à la tête des Quivas leur chef Meta Serrapia, tué dans une rencontre avec la milice vénézuélienne, l’Espagnol courait depuis plus d’un an la savane.

Cinq mois auparavant, — on ne l’a pas oublié, — ces Quivas avaient formé le projet de retourner sur les territoires à l’ouest de l’Orénoque, d’où ils avaient été chassés par les troupes colombiennes. Mais, avant d’abandonner les régions montagneuses du Roraima, leur nouveau chef voulut opérer une reconnaissance de ce côté du fleuve. Il se sépara donc de la bande, et descendit les llanos jusqu’à San-Fernando de Atabapo, après avoir passé par le