fréquenté l’école de la Mission, lorsqu’il demeurait avec son père à Santa-Juana.
« Toi… Gomo ?… » dit-il.
Celui-ci pouvait à peine parler.
« D’où viens-tu ?…
— Je me suis échappé… Depuis ce matin… j’ai couru… pour arriver ici… »
La respiration manquait au jeune Indien.
« Repose-toi, mon enfant, dit le missionnaire. Tu meurs de fatigue… Veux-tu manger ?…
— Pas avant que je ne vous aie dit pourquoi je suis venu… On demande secours…
— Secours ?…
— Les Quivas sont là-bas… à trois heures d’ici… dans la sierra… du côté du fleuve…
— Les Quivas !… s’écria le frère Angelos.
— Et leur chef aussi… ajouta Gomo.
— Leur chef… répéta le Père Esperante, ce forçat évadé… cet Alfaniz…
— Il les a rejoints, il y a quelques jours… et… avant-hier soir… ils ont attaqué une troupe de voyageurs que je guidais vers Santa-Juana…
— Des voyageurs qui venaient à la Mission ?…
— Oui… Père… des voyageurs français…
— Des Français ! »
La figure du missionnaire se couvrit d’une subite pâleur, puis ses paupières se refermèrent un instant.
Il prit alors le jeune Indien par la main, il l’attira près de lui, et le regardant :
« Dis tout ce que tu sais ! » prononça-t-il d’une voix qu’une involontaire émotion faisait trembler.
Gomo reprit :
« Il y a quatre jours, dans la case que mon père et moi nous habitions près de l’Orénoque, un homme est entré… Il nous a demandé