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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Le missionnaire se fût donc mis en route le soir même, il se serait jeté à travers la savane, s’il eût su en quelle direction effectuer ses poursuites.

En effet, où se trouvait actuellement Alfaniz ?… Près du gué de Frascaès ?… Non ! Au dire de Gomo, il l’aurait quitté le lendemain de l’attaque. D’ailleurs, son intérêt lui commandait de s’éloigner de Santa-Juana, de se perdre au milieu des forêts voisines de la sierra, peut-être aussi de regagner l’Orénoque à l’embouchure du rio Torrida, afin d’enlever les pirogues et les équipages.

Le Père Esperante comprit qu’une reconnaissance de la situation s’imposait avant de se mettre en campagne.

À six heures, deux Indiens montèrent à cheval et se dirigèrent vers le gué de Frascaès.

Trois heures après, ces cavaliers étaient de retour, n’ayant plus trouvé aucune trace des Quivas.

Alfaniz et sa bande avaient-ils traversé le cours d’eau pour courir les forêts de l’ouest, ou descendaient-ils vers la sierra Parima, de manière à rejoindre par la rive gauche du rio le campement du pic Maunoir ?…

On ne savait, et il fallait savoir, dût la nuit s’écouler avant le départ.

Deux autres Indiens quittèrent la Mission, avec ordre d’observer la savane du côté des sources de l’Orénoque, car il se pouvait qu’Alfaniz eût descendu directement vers le fleuve.

À la pointe du jour, ces deux Indiens rentrèrent à Santa-Juana, après avoir poussé une pointe de vingt-cinq kilomètres. S’ils n’avaient pas rencontré les Quivas, du moins tenaient-ils de quelques Indiens Bravos, rencontrés dans la savane, que la bande se rendait vers la sierra Parima. Alfaniz cherchait donc à atteindre l’Orénoque à sa naissance, avec l’intention de se rabattre sur le campement du pic Maunoir.

Ainsi c’était à la sierra Parima qu’il fallait le surprendre, et, Dieu aidant, on débarrasserait enfin le territoire de ce ramassis d’Indiens et de galériens.