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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

chef de ces courageux Indiens qu’il allait jeter sur cette bande de scélérats ?…

Un peu avant huit heures, le Père Esperante s’arrêta, et les Guaharibos suspendirent leur marche, après avoir atteint une assez vaste clairière, en arrière d’un coude du fleuve.

Vis-à-vis, au-delà de l’autre rive, se dressait le pic Maunoir. Le long de la berge de droite, personne. Entre les rives de l’Orénoque, pas une embarcation.

Au tournant du coude, s’élevait verticalement une fumée, car il ne faisait pas un souffle de vent.

Un campement était donc établi en cet endroit, à moins de cent cinquante mètres, et, par conséquent, sur la rive gauche du rio Torrida.

Ce ne pouvait être que le campement des Quivas, mais il convenait de s’en assurer.

Quelques-uns des Guaharibos rampèrent à travers les broussailles, et, trois minutes après, ils revenaient, affirmant que ce campement était bien occupé par la bande d’Alfaniz.

La troupe du Père Esperante se massa au fond de la clairière. Les charrettes la rejoignirent, et celle qui transportait le sergent Martial fut placée au centre.

Après avoir constaté que l’état du blessé n’avait pas empiré, le colonel de Kermor prit ses dispositions pour envelopper Alfaniz et ses compagnons. En dirigeant ses cavaliers de manière à traverser obliquement la clairière, il parviendrait à cerner les Quivas et il pourrait les détruire jusqu’au dernier.

Quelques instants plus tard, éclatèrent des cris terribles, auxquels se mêla une décharge des armes à feu.

Les Guaharibos venaient de se précipiter sur Alfaniz avant que celui-ci eût pu se mettre en défense. S’ils s’égalaient en nombre, les Guaharibos étaient mieux armés et mieux commandés que les Quivas. Les armes dont l’Espagnol disposait étaient celles qui provenaient du pillage des pirogues, — quelques revolvers laissés