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EN ROUTE.

par Jacques Helloch, et celles qui avaient été enlevées aux prisonniers.

La lutte ne pouvait donc être longue, elle ne le fut pas. Du moment que la bande avait été surprise, elle était battue. Aussi, la plupart des Quivas abandonnèrent-ils la place, après une faible résistance. Les uns se jetèrent dans la forêt, les autres s’enfuirent à travers le fleuve presque à sec, afin de gagner la savane opposée, la plupart mortellement atteints par les balles.

En même temps, Jacques Helloch, Germain Paterne, Valdez, Parchal, les mariniers des falcas, s’étaient élancés sur ceux des Quivas qui les gardaient.

Gomo avait été le premier à courir vers eux, criant :

« Santa-Juana… Santa-Juana ! »

C’est donc au milieu du campement que se fut bientôt concentrée toute l’action.

Là, Alfaniz, les évadés de Cayenne et quelques Quivas se défendaient à coups de revolver. Il en résulta que plusieurs Guaharibos reçurent des blessures qui heureusement ne devaient pas avoir de suites graves.

C’est alors que l’on vit le Père Esperante bondir au milieu du groupe entourant l’Espagnol.

Jeanne de Kermor se sentait irrésistiblement attirée vers le missionnaire… Elle voulait le rejoindre, mais Jacques Helloch la retint…

Alfaniz, abandonné des Quivas, dont on n’entendait plus que les cris lointains, résistait encore ; deux de ses compagnons de bagne venaient d’être tués près de lui.

Le Père Esperante se trouva juste en face de l’Espagnol et, d’un geste, il arrêta les Guaharibos, qui l’entouraient déjà.

Alfaniz recula vers la rive du rio, tenant un revolver chargé de plusieurs cartouches.

Un calme se fit, au milieu duquel retentit la voix puissante du Père Esperante :

« Alfaniz… c’est moi !… dit-il.