M. Miguel ne cessait de sourire, laissant tranquillement couler l’Orénoque sur les deux mille cinq cents kilomètres de son parcours, entre la sierra Parima et l’estuaire de ses cinquante bras, qui se ramifient à travers le littoral de l’Atlantique.
Cependant les préparatifs avançaient. Les pirogues, visitées, réparées, mises en parfait état, réapprovisionnées, seraient prêtes pour le 9 janvier.
Jacques et Jeanne Helloch écrivirent alors une lettre à leur père, — lettre dans laquelle n’étaient oubliés ni le sergent Martial ni le jeune Indien. Cette lettre arriverait à Santa-Juana par les marchands qui, d’ordinaire, remontent le fleuve au début de la saison pluvieuse. Elle disait tout ce que pouvaient dire deux cœurs heureux et reconnaissants.
La veille du départ, les passagers furent conviés une dernière fois chez le gouverneur de San-Fernando. Durant cette soirée il y eut suspension d’armes, et la discussion hydrographique ne se renouvela pas. Non qu’elle fût épuisée, mais les discuteurs avaient des mois et des années pour la reprendre.
« Ainsi, monsieur Miguel, demanda la jeune femme, votre Maripare ne va pas accompagner la Gallinetta et la Moriche ?…
— Il paraît que non, madame, répondit M. Miguel, très résigné, d’ailleurs, à prolonger son séjour au confluent de l’Atabapo et du Guaviare.
— Nous avons encore quelques points importants à établir… déclara M. Varinas.
— Et des recherches à faire… ajouta M. Felipe.
— Alors, au revoir, messieurs… dit Jacques Helloch.
— Au revoir ?… demanda M. Miguel.
— Oui… répondit Germain Paterne… à San-Fernando… lorsque nous repasserons… dans six mois… car il n’est pas probable que l’interminable question de l’Orénoque… »
Le lendemain, 9 janvier, après avoir reçu les adieux du gouverneur, de M. Miguel et de ses collègues, les voyageurs s’embarquè-