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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/55

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PREMIER CONTACT.

maines, deux de ces intrépides ont entrepris une reconnaissance à travers les llanos, dans l’est du fleuve…

— Parfaitement, monsieur Miguel, répondit le gouverneur. Je les ai reçus ici même, des hommes jeunes encore, de vingt-cinq à trente ans, l’un, Jacques Helloch, un explorateur, l’autre, nommé Germain Paterne, un de ces naturalistes qui risqueraient leur vie pour découvrir un nouveau brin d’herbe…

— Et, depuis, vous n’en avez aucune nouvelle ?… demanda M. Felipe.

— Aucune, messieurs. Je sais seulement qu’ils se sont embarqués sur une pirogue à Caïcara, qu’on a signalé leur passage à Buena Vista et à la Urbana, d’où ils sont partis pour remonter l’un des affluents de la rive droite. Mais, à dater de cette relâche, on n’en a plus entendu parler, et les inquiétudes qu’ils donnent ne se justifient que trop !

— Espérons que ces deux explorateurs, dit M. Miguel, ne sont pas tombés entre les mains de ces Quivas, pillards et assassins, dont la Colombie a rejeté les tribus sur le Venezuela, et qui ont maintenant pour chef, assure-t-on, un certain Alfaniz, forçat évadé du bagne de Cayenne…

— Est-ce que le fait est positif ?…. interrogea M. Felipe.

— Il paraît l’être, et je vous souhaite de ne point rencontrer ces bandes de Quivas, messieurs, ajouta le gouverneur. Après tout, il est possible que ces Français n’aient pas été attirés dans un guet-apens, possible qu’ils poursuivent leur voyage avec autant de bonheur que d’audace, possible enfin que, d’un jour à l’autre, leur retour s’opère par un des villages de la rive droite. Puissent-ils réussir comme a réussi leur compatriote ! Mais on parle également d’un missionnaire qui a été plus loin encore à travers ces territoires de l’est : c’est un Espagnol, le Père Esperante. Après un court séjour à San-Fernando, ce missionnaire n’avait pas hésité à dépasser les sources de l’Orénoque…

— Le faux Orénoque ! » s’écrièrent à la fois MM. Felipe et Varinas.