avait quelques semaines, et dont on n’avait plus de nouvelles depuis leur départ de la Urbana. Mais ce jeune garçon de seize à dix-sept ans, et ce vieux soldat de soixante, il était difficile d’admettre qu’ils fussent en train d’effectuer une expédition scientifique…
Après tout, un gouverneur, même au Venezuela, a bien le droit de s’enquérir des motifs qui amènent des étrangers sur son territoire, de leur poser des questions à ce sujet, de les interroger au moins officieusement.
Le gouverneur fit donc quelques pas vers l’arrière du spardeck, en causant avec M. Miguel, que ses compagnons, occupés dans leur cabine, avaient laissé seul à lui tenir compagnie.
Le sergent Martial comprit la manœuvre :
« Attention ! dit-il. Le général cherche à prendre contact, et, pour sûr, il va nous demander qui nous sommes… pourquoi nous sommes venus… où nous allons…
— Eh bien, mon bon Martial, il n’y a point à le cacher, répondit Jean.
— Je n’aime pas qu’on s’occupe de mes affaires, et je vais l’envoyer promener…
— Veux-tu donc nous attirer des difficultés, mon oncle ?… dit le jeune garçon en le retenant de la main.
— Je ne veux pas qu’on te parle… je ne veux pas que l’on tourne autour de toi…
— Et moi, je ne veux pas que tu compromettes notre voyage par des maladresses ou des sottises ! répliqua Jean d’un ton résolu. Si le gouverneur du Caura m’interroge, je ne refuserai pas de répondre, et il est même désirable que j’obtienne de lui quelques renseignements. »
Le sergent Martial bougonna, tira de rageuses bouffées de sa pipe, et se rapprocha de son neveu, auquel le gouverneur dit en cette langue espagnole que Jean parlait couramment :
« Vous êtes un Français…