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LA MARIPARE ET LA GALINETTA

— Je vous remercie pour mon oncle et pour moi, monsieur, répondit le jeune garçon, et, au besoin, croyez-le bien, nous n’hésiterons pas à vous demander assistance.

— Vous entendez, monsieur le sergent ?… ajouta M. Miguel d’un ton moitié plaisant, moitié sérieux.

— J’entends, monsieur le géographe ! » répondit le sergent Martial d’un ton bourru, car il ne voulait pas désarmer, malgré les avances de M. Miguel, en réalité le meilleur et le plus obligeant des hommes.

M. Miguel tendit alors la main à Jean de Kermor, qui la serra de bonne amitié, — ce qui fit sortir des yeux de son terrible oncle deux éclairs accompagnés d’un long grognement de tonnerre.

Lorsque le sergent Martial et le jeune garçon furent seuls, le premier dit :

« Tu as vu comme je l’ai reçu, ce particulier-là !…

— Tu l’as mal reçu et tu as eu tort.

— J’ai eu tort ?…

— Absolument.

— Eh bien… il n’aurait plus manqué que de consentir à partager la pirogue de ces trois Bolivariens !

— Tu as bien fait de refuser, mais il fallait le faire plus poliment, mon oncle !

— Je n’avais pas à être poli avec un indiscret…

— M. Miguel n’a point été indiscret, il s’est montré très serviable, et sa proposition méritait d’être acceptée… si elle avait pu l’être… Tout en la rejetant, tu aurais dû le remercier en bons termes. Qui sait si ses amis et lui ne sont pas appelés à faciliter notre tâche, grâce aux relations qu’ils ont sans doute à San-Fernando, et qui peuvent nous aider à retrouver, toi, ton colonel, mon bon Martial, et moi, mon père…

— Ainsi… c’est moi qui ai eu tort ?…

— Oui, mon oncle.

— Et c’est toi qui as raison ?…