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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/94

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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Il fallut alors faire usage de l’espilla, et, du moins, si l’on dépensait de la force, on était certain de n’être point ramené en aval.

Sur la proposition de Valdez, les pirogues furent amarrées l’une à l’arrière de l’autre, et les deux équipages se réunirent pour le halage le long de la rive. Lorsque la berge le permettait, ils débarquaient et remorquaient les embarcations que la pagaie du timonier maintenait en bonne route. Lorsque la berge devenait impraticable à des piétons, on portait l’espilla à une quarantaine de mètres en avant, on la tournait sur une roche ou sur une souche. Puis, les mariniers revenaient à bord de la Maripare, et halaient d’ensemble.

C’est ainsi que les îles Seiba, Cururuparo et Estillero furent laissées sur bâbord, et, un peu après, l’île Posso Redondo, plus rapprochée de la rive droite.

Entre-temps, l’orage montait vers le zénith. Tout l’horizon méridional se zébrait d’éclairs d’une extraordinaire fréquence. Les roulements de la foudre, mêlés d’éclats intenses, ne discontinuaient plus. Par bonheur, vers huit heures du soir, lorsque la tempête se déchaîna en violentes bourrasques de vent et de grêle sur la rive gauche de l’Orénoque, les deux pirogues se trouvaient en sûreté au pied du village de Buena Vista.