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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/99

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ENTRE BUENA VISTA ET LA URBANA.

« Et cette huile est, paraît-il, excellente, dit Jean, qui s’en rapportait là-dessus à l’opinion de son guide favori.

— Excellente, en effet, ajouta M. Felipe.

— Dans quelle espèce classe-t-on ces tortues ?… demanda le jeune garçon.

— Dans l’espèce des cinosternon scorpioïdes, répondit M. Miguel, et ces animaux, qui mesurent près d’un mètre de carapace, ne pèsent pas moins d’une soixantaine de livres. »

Et comme M. Varinas n’avait pas encore déployé ses connaissances spéciales à l’endroit de l’ordre des chéloniens, il fit observer que le nom véritablement scientifique des scorpioïdes de son ami Miguel était le podocnemis dumerilianus, appellation à laquelle l’Indien parut être on ne peut plus indifférent.

« Une simple question… dit alors Jean de Kermor, en s’adressant à M. Miguel.

— Tu parles trop, mon neveu… murmura le sergent Martial, en mâchonnant sa moustache.

— Sergent, demanda en souriant M. Miguel, pourquoi empêcher votre neveu de s’instruire ?…

— Parce que… parce qu’il n’a pas besoin d’en savoir plus que son oncle !

— C’est entendu, mon mentor, reprit le jeune garçon, mais voici ma question : ces bêtes-là sont-elles dangereuses ?…

— Elles peuvent l’être par leur nombre, répondit M. Miguel, et on courrait de gros risques à se trouver sur leur passage, quand elles processionnent par centaines de mille…

— Par centaines de mille !…

— Tout autant, monsieur Jean, puisqu’on ne recueille pas moins de cinquante millions d’œufs, rien que pour les dix mille dames-jeannes que remplissent annuellement les produits de cette pêche. Or, d’une part, comme la moyenne d’œufs est d’une centaine par tortue, de l’autre, comme les carnassiers en détruisent un nombre considérable, et, enfin, comme il en reste assez pour perpétuer la