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le testament d’un excentrique

Vers le centre de La Salle Street, le spectateur, qui aurait pu franchir la double barrière des agents, aurait aperçu, au coin de Gœthe Street, un char attelé de six chevaux, arrêté devant un hôtel de magnifique apparence. En avant et en arrière de ce char, un cortège, rangé en bel ordre, n’attendait que le signal de se mettre en marche.

La première moitié de ce cortège comprenait plusieurs compagnies de la milice, toutes en grande tenue sous les ordres de leurs officiers, un orchestre d’harmonie ne comptant pas moins d’une centaine d’exécutants, et un chœur d’orphéonistes de pareil nombre, qui devait, à différentes reprises, mêler ses chants aux accords de cet orchestre.

Le char était tendu de draperies d’un rouge étincelant, relevé de bordures argent et or, sur lesquelles s’écartelaient en caractères diamantés les trois lettres W J H. À profusion s’entremêlaient des bouquets ou plutôt des brassées de fleurs, qui eussent été rares partout ailleurs que dans une ville généralement appelée Garden City. Du haut de ce véhicule, digne de figurer au milieu d’une fête nationale, pendaient jusqu’à terre des guirlandes que tenaient à la main six personnes, trois à droite, trois à gauche.

À quelques pas derrière, se voyait un groupe d’une vingtaine de personnages, entre autres, James T. Davidson, Gordon S. Allen, Harry B. Andrews, John I. Dickinson, Thomas R. Carlisle, etc., de l’Excentric Club de Mohawk Street, dont Georges B. Higginbotham était le président, des membres des cercles du Calumet de Michigan Avenue, de Hyde Park de Washington Avenue, de Columbus de Monroe Street, d’Union League de Custom House Place, d’Irish American de Dearborn Street, et des quatorze autres clubs de la ville.

On ne l’ignore pas, c’est à Chicago que se trouvent le quartier général de la division du Missouri et la résidence habituelle du commandant. Il va donc de soi que ce commandant, le général James Morris, son état-major, les officiers de ses bureaux installés à Pullman Building se pressaient à la suite du groupe susdit. Puis, c’étaient le