Et certainement, si Jovita Foley ne pouvait l’accompagner, Lissy Wag était décidée à abandonner toutes chances de devenir l’unique héritière de William J. Hypperbone.
Que l’on se rassure, Jovita Foley en fut quitte pour une journée de diète et de repos. Dans l’après-midi du 22, elle put se lever, et boucla définitivement cette valise des deux voyageuses qui allaient courir les États-Unis.
« Ah ! s’écria-t-elle, je donnerais dix ans de ma vie pour être déjà en route ! »
Avec les dix ans qu’elle avait déjà donnés à plusieurs reprises et les dix ans qu’elle donnerait plus d’une fois encore au cours du voyage, il ne lui resterait que bien peu de temps à demeurer en ce bas monde !
Le départ était fixé pour le lendemain 23, huit heures du matin, par le train qui arrive en deux heures à Milwaukee, où Lissy Wag trouverait, à midi, la dépêche de maître Tornbrock. Or, cette dernière journée se fût terminée sans incident, si, un peu avant cinq heures, les deux amies n’eussent reçu une visite à laquelle elles ne s’attendaient guère.
Lissy Wag et Jovita Foley, penchées à la fenêtre, observaient la rue où stationnaient un certain nombre de curieux dont les regards ne cessaient de se lever vers elles.
On sonna à la porte. Jovita Foley alla ouvrir.
L’ascenseur venait de déposer un individu sur le palier du neuvième étage.
« Mademoiselle Lissy Wag ?… demanda cet individu en saluant la jeune fille.
— C’est ici, monsieur.
— Pourrais-je être reçu par elle ?…
— Mais… répondit Jovita Foley en hésitant, miss Wag a été fort malade, et…
— Je sais… je sais… dit le visiteur, et j’ai lieu de croire qu’elle est absolument guérie…