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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/210

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aventures du commodore urrican.

merveilleusement, et, suivant l’expression populaire, il était entré dans la peau du bonhomme.

C’était donc par pure affection pour son maître et dans le but de le contenir, en le dépassant, en l’effrayant par les suites que ses emportements pouvaient avoir. Et, en effet, lorsqu’il intervenait pour calmer Turk, Hodge Urrican finissait par se calmer. Quand l’un parlait d’aller dire son fait à quelque malappris, l’autre parlait de le gifler, et il parlait de le laisser mort sur place, quand le commodore le menaçait seulement d’une gifle. Alors ce dernier essayait de faire entendre raison à Turk, et c’est ainsi que ce brave garçon avait souvent arrêté des affaires dont le commodore ne fût peut-être pas sorti sans dommage.

Et, en dernier lieu, à propos de son envoi en Floride, lorsque Hodge Urrican avait voulu prendre le notaire à partie, comme si maître Tornbrock y était pour quelque chose, Turk, soutenant à grands cris que cet odieux tabellion devait avoir triché, avait juré de lui cueillir les deux oreilles pour en faire un bouquet en l’honneur de son maître.

Tel était l’original, assez adroit pour n’avoir jamais laissé deviner son jeu, qui, ce matin-là, accompagnait à la gare centrale de Chicago le commodore Urrican.

Au départ de ce sixième partenaire, il y eut foule, et dans cette foule, on le répète, il comptait sinon des amis, du moins des gens décidés à risquer leur argent sur sa tête. Ne paraissait-il pas indiqué qu’un homme d’un caractère si violent devait être capable de violenter la fortune ?…

Et maintenant quel était l’itinéraire adopté par le commodore ?… Assurément, celui qui offrait le moins de risque de retards, tout en étant le plus court.

« Écoute, Turk, avait-il dit dès sa rentrée à sa maison de Randolph Street, écoute et regarde.

— J’écoute et je regarde, mon maître.

— C’est la carte des États-Unis que je mets sous tes yeux…