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suite des aventures du commodore urrican.

Les recherches aussitôt furent reprises, et l’un des matelots finit par découvrir le corps du commodore Urrican, engagé entre deux pointes de l’écueil.

Turk accourut, il se jeta sur son maître, il l’entoura de ses bras, il le souleva, il lui parla sans obtenir de réponse.

Cependant un léger souffle s’échappait encore des lèvres d’Hodge Urrican, et son cœur battait assez distinctement.

« Il vit… il vit ! » s’écria Turk.

Au vrai, Hodge Urrican était dans un piteux état. En tombant, sa tête avait porté sur l’angle d’une roche. Toutefois, le sang ne coulait plus. La blessure, qui s’était refermée d’elle-même, fut bandée d’un linge, après avoir été lavée avec un peu d’eau douce rapportée de la goélette. Puis le commodore, qui n’avait pas repris connaissance, fut transporté sur une partie saillante de l’îlot, où la mer montante ne pourrait atteindre.

Le ciel alors entièrement dégagé de brumes, la vue pouvait s’étendre à plusieurs milles au large.

Il était neuf heures vingt, et, à cet instant, Huelcar, tendant le bras vers l’ouest, s’écria :

« Le phare de Key West ! »

En effet, Key West ne se trouvait pas à plus de quatre milles dans cette direction. Si la nuit eût été claire, on aurait pu relever son feu en temps utile, et la goélette ne serait pas venue se perdre sur ces dangereux écueils.

Ils sont à redouter des marins, ces parages de la Basse-Floride. Aussi est-il à désirer que le gouvernement fédéral réalise au plus tôt un projet déjà étudié : il s’agit d’un canal qui couperait la péninsule entre Fernandina et Cedar Key. Or, ce canal économiserait aux navires entre le golfe du Mexique et l’Océan environ cinq cents milles à travers l’un des plus difficiles détroits du monde.

Et, maintenant, en ce qui concernait le sixième partenaire du match Hypperbone, ne devait-on pas considérer la partie comme définitivement perdue ?… Il n’avait plus aucun moyen de franchir la