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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/295

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le testament d’un excentrique

empressement la déposition du volé contre le voleur. Par malheur, M. Titbury ne put donner que de vagues renseignements sur le cabaret… Il y avait été conduit le soir… il en était parti le soir… Lorsqu’il parla de Cheap Hotel sur les bords de Crescent River, le shérif lui répondit qu’il ne connaissait pas d’hôtel de ce nom, et qu’il n’existait même pas de Crescent River dans le pays. Il serait donc bien difficile de mettre la main sur le malfaiteur, qui, d’ailleurs, devait avoir pris la fuite avec ses complices. Quant à lancer une brigade de détectives à leurs trousses en ce pays de bois et de montagnes, cela n’aboutirait à rien.

« Vous dites, monsieur Titbury, demanda le shérif, que cet homme s’appelle…

— Inglis… le misérable… Robert Inglis…

— Oui… c’est le nom qu’il vous a donné !… Mais, en y réfléchissant, je ne doute pas qu’il s’agisse du fameux Bill Arrol… Je le reconnais à sa manière d’opérer… Il n’en est pas à son coup d’essai…

— Et vous ne l’avez pas encore arrêté ?… s’écria furieusement M. Titbury.

— Pas encore, répondit le shérif. Nous n’en sommes qu’à la période de surveillance… Il se fera prendre un jour… ou l’autre…

— Il sera bien temps pour moi !

— Oui… mais il sera temps pour lui, et on l’électrocutera… à moins qu’on ne le pende…

— Et mon argent, monsieur, mon argent ?…

— Que voulez-vous… il faudrait appréhender ce diable de Bill Arrol, et ce n’est pas chose aisée !… Tout ce que je puis vous promettre, monsieur Titbury, c’est de vous envoyer un bout de sa corde, si on le pend, et, à la condition que la partie ne soit pas terminée, vous serez sûr de la gagner avec un pareil fétiche !… »

Et ce fut là tout ce que M. Titbury put obtenir de cet original shérif de la cité mormone !