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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/302

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le pavillon vert.

Saint-Louis, de consacrer toute la nuit à un repos dont il avait quelque besoin, et de repartir dès l’aube par le premier train.

Il ne semblait donc pas que rien dût troubler son voyage, ni l’empêcher d’être au jour dit à Charleston… Et cependant, il faillit ne point arriver, et même être mis dans l’impossibilité de jamais voyager, par suite de l’incident dont il va être question et que personne n’aurait pu prévoir.

Vers sept heures un quart, Harris T. Kymbale arpentait le quai de la gare afin de s’informer de l’heure des trains, lorsque, brusquement, il se heurta contre ou fut heurté par un individu qui sortait de l’un des bureaux.

Aussitôt ces aménités de s’échanger :

« Butor !

— Brutal !

— Regardez donc devant vous !…

— Et vous derrière ! »

Enfin de ces mots qui partent comme des balles de revolver, pour peu que les gens soient d’un caractère vif ou d’un tempérament irritable.

Or, l’un des deux l’était au plus haut degré, et on ne s’en étonnera pas en apprenant qu’il s’agit de Hodge Urrican.

Harris T. Kymbale reconnut son concurrent.

« Le commodore !… s’écria-t-il.

— Le journaliste ! » lui fut-il répondu d’une voix qui semblait s’échapper d’une bouche à feu.

C’était bien le commodore Urrican, sans son fidèle Turk, cette fois, et mieux valait que Turk n’eût pas à se mêler de cette affaire qu’il aurait poussée aux extrêmes.

Ainsi donc non seulement Hodge Urrican avait survécu au naufrage de la Chicola, mais il avait trouvé l’occasion de quitter Key West ?… De quelle façon ?… Dans tous les cas, il fallait que son voyage se fût rapidement effectué, puisqu’il était encore en Floride à la date du 25. Une véritable résurrection, assurément, et, depuis