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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/474

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le testament d’un excentrique.

songeaient qu’au retour à Chicago, à la réalisation de leurs plus chers désirs… Et ils se disaient que, décidément, cette partie n’en finissait pas… qu’elle durait déjà depuis plus de sept semaines… que dans quelques jours reviendrait l’obligation de reboucler sa valise… que des centaines de milles les sépareraient encore… qu’ils feraient mieux de renoncer… Par bonheur, ni Jovita Foley ni Mme Réal ne pouvaient les entendre…

Et même Max Réal, en étudiant la carte du match, avait fait cette remarque assez inquiétante : c’est que sur les sept États, tels qu’ils étaient disposés sur la carte Hypperbone entre l’Indiana et l’Illinois final, il s’en trouvait cinq dans la région orientale de l’Union, à de grandes distances, au milieu de territoires insuffisamment desservis par les voies ferrées, l’Oregon, l’Arizona, le Territoire Indien, sans parler de la cinquante-huitième case, celle de Death Valley, la Vallée de la Mort, illustrée par les aventures du commodore Urrican. Or il eût suffi à Lissy Wag d’amener le point de deux pour être obligée de recommencer la partie, après un long et pénible voyage jusqu’en Californie. Donc, si elle ne gagnait pas le coup suivant en tirant le point de sept, elle risquait d’être envoyée très loin de l’Indiana, et à quels dangers ne serait-elle pas exposée ?…

Lissy Wag, elle, ne songeait même pas à ces menaçantes complications. Elle ne s’attachait qu’au présent, non à l’avenir. Elle se concentrait dans cette pensée que Max Réal était alors près d’elle… Il est vrai, quelques jours encore, et le sort allait encore les séparer l’un de l’autre…

Enfin les dernières heures s’écoulèrent, et, le lendemain, au réveil, disparurent les mauvaises impressions de la nuit.

« Qu’allons-nous faire aujourd’hui ?… demanda Jovita Foley, lorsque Lissy Wag et elle se retrouvèrent avec Max Réal devant la table du déjeuner. Voici une superbe journée qui s’annonce… De la brise et du soleil, cela invite à la promenade… Est-ce que nous ne sortirons pas un peu d’Indianapolis ?… Certes, c’est une ville bien régulière, bien propre, bien époussetée… mais on dit que la campagne