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le testament d’un excentrique

— Et d’abord, je partagerais avec toi, Lissy…

— Comme je le ferais, n’en doute pas ! répondit miss Wag en riant des promesses éventuelles de son enthousiaste amie.

— Dieu ! que je voudrais être au 15 avril, reprit Jovita Foley, et combien le temps me semblera long !… Je vais compter les heures… les minutes…

— Épargne-moi les secondes ! repartit Lissy… Vrai !… il y en aurait trop !

— Peut-on plaisanter, quand il s’agit d’une affaire si grave… des millions de dollars qu’elle doit rapporter…

— Ou plutôt des millions d’ennuis, de tracas, ainsi que j’en ai eu pendant toute cette journée ! déclara Lissy Wag.

— Tu es trop difficile, Lissy !

— Et vois-tu, Jovita, je me demande avec inquiétude comment cela finira…

— Ça finira par la fin, s’écria Jovita Foley, comme toutes choses en ce monde ! »

Tel était donc le sixain de cohéritiers, — on ne doutait pas qu’ils fussent appelés à se partager l’énorme succession — que William J. Hypperbone avait conviés à ses funérailles. Ces mortels privilégiés entre tous n’avaient plus qu’à prendre patience pendant une quinzaine de jours.

Enfin ces deux longues semaines s’écoulèrent et le 15 avril arriva.

Ce matin-là, suivant la condition imposée par le testament, en présence de M. Georges B. Higginbotham, assisté de maître Tornbrock, Lissy Wag, Max Réal, Tom Crabbe, Hermann Titbury, Harris T. Kymbale et Hodge Urrican vinrent déposer leur carte sur le tombeau de William J. Hypperbone. Puis la pierre sépulcrale fut rabattue sur le cercueil. L’excentrique défunt n’aurait plus à recevoir aucune visite au cimetière d’Oakswoods.