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le testament.

notaire Tornbrock avait eu celle de faire payer leur place à tous ceux qui voulaient entendre la lecture du testament dans le théâtre de l’Auditorium. De ce chef, les pauvres allaient encore bénéficier d’une dizaine de mille dollars à partager entre les hôpitaux d’Alexian Brothers et de Maurice Porter Memorial for Children.

Et comment ne se fussent pas hâtés d’accourir les curieux de la ville, se disputant les moindres coins ? Sur la scène se voyaient le Maire et la Municipalité ; un peu en arrière, les membres de l’Excentric Club autour de leur président, Georges B. Higginbotham ; un peu en avant, les « Six » sur une seule ligne, près de la rampe, chacun dans l’attitude qui convenait à sa situation sociale.

Lissy Wag, vraiment honteuse d’être exhibée de la sorte devant des milliers d’yeux avides, se tenait dans une attitude modeste sur son fauteuil, la tête baissée.

Harris T. Kymbale s’épanouissait entre les bras du sien, envoyant des saluts à nombre de ses confrères des journaux de toute nuance, qui se pressaient au milieu de l’enceinte.

Le commodore Urrican, roulant des yeux féroces, semblait prêt à chercher querelle à quiconque se permettrait de le regarder en face.

Max Réal observait insouciamment tout ce monde grouillant jusqu’aux ceintres, dévoré d’une curiosité qu’il ne partageait guère, et, faut-il le dire, il regardait plus particulièrement cette charmante jeune fille assise près de lui, dont l’attitude gênée lui inspirait un vif intérêt.

Hermann Titbury calculait in petto à quel chiffre pourrait s’élever la recette, — une simple goutte d’eau au milieu des millions de l’héritage.

Tom Crabbe ne savait pas pourquoi il était là, assis non sur un fauteuil, — qui n’aurait pu contenir son énorme masse, — mais sur un large canapé dont les pieds fléchissaient sous lui.

Il va sans dire qu’au premier rang des spectateurs figuraient l’entraîneur John Milner, Mrs Kate Titbury, qui faisait à son mari des signes absolument incompréhensibles, et la nerveuse Jovita Foley,