Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/188

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Si les singes, pas plus que les chats, n’aiment l’eau, s’il n’y avait pas à craindre qu’ils se missent à la nage, la disposition des ramures au-dessus de la rivière leur permettait, en divers endroits, de s’aventurer par ces ponts de branches et de lianes, puis de se laisser choir sur la tête de Khamis et de ses compagnons. Cela ne serait qu’un jeu pour ces bêtes aussi agiles que malfaisantes.

Ce fut même la manœuvre que cinq ou six grands gorilles tentèrent vers cinq heures, à un coude de la rivière où se joignait le branchage des bombax. Ces animaux, postés à cinquante pas en aval, attendaient le radeau au passage.

John Cort les signala, et il n’y avait pas à se méprendre sur leurs intentions.

« Ils vont nous tomber dessus, s’écria Max Huber, et si nous ne les forçons pas à décamper…

— Feu ! » commanda le foreloper.

Trois détonations retentirent. Trois singes, mortellement touchés, après avoir essayé de se raccrocher aux branches, s’abattirent dans le rio.

Au milieu de clameurs plus violentes, une vingtaine de quadrumanes s’engagèrent entre les lianes, prêts à se précipiter.

On dut prestement recharger les armes et tirer sans perdre un instant. Une fusillade