Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/200

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Le courant était rapide alors, et peut-être valait-il mieux se contenter de le suivre, au lieu de se rapprocher de l’une des rives : l’hippopotame s’y fût dirigé après lui. À terre, il est vrai, ses coups auraient été plus facilement évités, puisqu’il est impropre à se mouvoir rapidement avec ses jambes courtes et basses, son ventre énorme qui traîne sur le sol. Il tient plus du cochon que du sanglier. Mais, à la surface du rio, le radeau serait à sa merci. Il le mettrait en pièces, et, à supposer que les passagers eussent, en nageant, gagné les berges, quelle fâcheuse éventualité que celle d’être obligés à construire un second appareil flottant !

« Tâchons de passer sans être vus, conseilla Khamis. Étendons-nous, ne faisons aucun bruit, et soyons prêts à nous jeter à l’eau si c’est nécessaire…

— Je me charge de toi, Llanga », dit Max Huber.

On suivit le conseil du foreloper, et chacun se coucha sur le radeau que le courant entraînait avec une certaine rapidité. Dans cette position, peut-être y avait-il chance de ne point être aperçus par l’hippopotame.

Et ce fut un grand souffle, une sorte de grognement de porc, que tous quatre entendirent quelques instants après, quand les secousses