Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/323

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dèrent pas à s’échauffer et les jambes à tituber d’une façon inquiétante.

Ces danses ne rappelaient en rien les nobles figures du passe-pied ou du menuet, sans aller cependant jusqu’au paroxysme des déhanchements et des grands écarts en honneur dans les bals-musettes des banlieues parisiennes. Au total, il se faisait plus de grimaces que de contorsions, et aussi plus de culbutes. En un mot, dans ces attitudes chorégraphiques, on retrouvait moins l’homme que le singe. Et, qu’on l’entende bien, non point le singe éduqué pour les exhibitions de la foire, non… le singe livré à ses instincts naturels.

En outre, les danses ne s’exécutaient pas avec accompagnement des clameurs publiques. C’était au son d’instruments des plus rudimentaires, calebasses tendues d’une peau sonore et frappées à coups redoublés, tiges creuses, taillées en sifflet, dans lesquelles une douzaine de vigoureux exécutants soufflaient à se crever les poumons. Non !… jamais charivari plus assourdissant ne déchira des oreilles de blancs !

« Ils ne paraissent pas avoir le sentiment de la mesure… remarqua John Cort.

— Pas plus que celui de la tonalité, répondit Max Huber.

— En somme, ils sont sensibles à la musique, mon cher Max…