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Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/60

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lui ne parviendraient pas à gagner les factoreries de la côte ?…

Quelle heure était-il à ce moment ?… Onze heures dix-sept, — ce que constata John Cort, après avoir éclairé sa montre à la flamme d’une allumette. Son sang-froid ne l’avait pas abandonné, ce qui lui permettait de juger la situation, très périlleuse, à son avis, et sans issue, si les éléphants s’arrêtaient au tertre, au lieu de se porter vers l’est ou l’ouest de la plaine.

Max Huber, plus nerveux, ayant également conscience du danger, allait et venait près du chariot, observant l’énorme masse ondulante, qui se détachait, plus sombre, sur le fond du ciel.

« C’est de l’artillerie qu’il faudrait !… » murmura-t-il.

Khamis, lui, ne laissait rien voir de ce qu’il éprouvait. Il possédait ce calme étonnant de l’Africain, au sang arabe, ce sang plus épais que celui du blanc, moins rouge aussi, qui rend la sensibilité plus obtuse et donne moins prise à la douleur physique. Deux revolvers à sa ceinture, son fusil prêt à être épaulé, il attendait.

Quant au Portugais, incapable de cacher son désespoir, il songeait plus à l’irréparable dommage dont il serait victime qu’aux dangers de cette irruption. Aussi gémissait-il,