Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/145

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jours au plus que le dégel du sol, la débâcle des creeks les avaient rendus praticables. Si la terre, durcie par les grands froids, offrait encore quelque résistance au pic et à la pioche, on parvenait à l’entamer cependant. À travers les puits, il devenait assez facile d’atteindre le filon sans avoir à craindre que leurs parois solidifiées par l’hiver ne vinssent à s’effondrer. Il suffirait de les réunir entre eux par des tranchées pour que le travail pût s’effectuer régulièrement.

Il était d’ailleurs évident que, faute d’un matériel plus perfectionné, faute de machines qu’il aurait su employer avec grand profit. Ben Raddle en serait réduit à l’emploi de l’écuelle ou du plat — le « pan » comme on l’appelle dans l’argot des mineurs. Mais ces engins rudimentaires suffiraient à laver les boues dans la partie voisine du Forty Miles Creek. En somme, ce sont les claims de quartz, non les claims de rivière, qui demandent à être travaillés industriellement, et déjà, des machines à pilon pour broyer le quartz s’établissaient sur les gisements du Klondike, telles qu’elles fonctionnaient dans les autres contrées minières du Canada et de la Colombie anglaise.

Du reste, Ben Raddle n’aurait pu trouver un agent plus précieux que le contremaître Lorique. Il n’y avait qu’à laisser faire cet homme, très expérimenté, très entendu à ce genre de travaux, ayant déjà dirigé des exploitations de ce genre dans la Colombie, et très capable d’ailleurs d’appliquer les perfectionnements que pourrait lui proposer l’ingénieur.

Il faut noter aussi qu’une trop longue inoccupation du claim 129 aurait pu amener des plaintes de la part de l’autorité supérieure. Très avide des taxes qu’elle prélevait sur le rendement des placers, elle prononcerait la déchéance de ceux qui ne fonctionnaient pas pendant une période relativement assez courte.

Ce dont le contremaître s’occupa tout d’abord, ce fut de retrouver un personnel. Il y éprouva plus de difficultés qu’il ne l’imaginait. De nombreux gisements avaient été signalés dans la partie du district que dominent les Dômes, et les mineurs y avaient afflué, car la main-d’œuvre promettait d’y être chère. Assurément, les caravanes ne cessaient d’arriver à Dawson-City, la traversée des lacs, la descente du Yukon étant plus facile pendant la belle saison. Mais les bras des travailleurs étaient réclamés de tous les côtés à cette époque où l’emploi des machines ne se généralisait pas.

Cependant, Lorique parvint à recruter une trentaine d’émigrants au lieu des cinquante de Josias Lacoste. Mais il y eut lieu de leur attribuer des salaires très élevés, entre cinq et six francs l’heure.

C’étaient du reste les prix qui avaient cours alors dans la région de la Bonanza. Nombre d’ouvriers se faisaient de soixante-quinze à quatre-

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