Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandés à Dawson-City, fussent de telle nature qu’il n’y aurait pas lieu d’y donner suite. Mais aussi quelle idée, et quelle mauvaise idée, avait eue l’oncle Josias d’aller chercher fortune au Klondike, où il n’avait trouvé que la misère peut-être, et assurément la mort !

Dans l’après-midi, Ben Raddle se rendit à l’étude du notaire, où il prit connaissance des pièces envoyées de Dawson-City.

Ces pièces établissaient catégoriquement la situation du claim 129, propriété de M. Josias Lacoste, actuellement décédé. Ce claim occupait un emplacement de la rive droite du Forty Miles Creek dans le district du Klondike. Ce cours d’eau affluait à la rive gauche de ce grand fleuve, le Yukon, qui traverse tout l’Alaska après avoir arrosé les territoires occidentaux du Dominion. Ses eaux, anglaises dans son haut cours, sont devenues américaines en aval, depuis que cette vaste région de l’Alaska a été cédée par les Russes aux États-Unis.

Un plan permettait de relever avec exactitude la situation du claim 129. Il se trouvait à (…)[1] kilomètres de Fort Cudahy, une bourgade fondée sur la rive gauche du Yukon par la Compagnie de la baie d’Hudson.

Dans cet entretien, maître Snubbin n’eut aucune peine à comprendre que l’ingénieur envisageait cette affaire tout autrement que son co-héritier. C’est avec le plus grand soin que Ben Raddle étudia les titres de propriété. Il ne pouvait détacher ses regards de la carte à grands points étalée sous ses yeux, qui comprenait le district du Klondike et la partie voisine de l’Alaska. Il remontait par la pensée ce Forty Miles Creek qui traversait le cent-quarantième méridien, choisi comme ligne de démarcation entre les deux pays. Il s’arrêtait là, près de cette frontière, précisément à l’endroit où étaient indiqués les jalons du claim Josias Lacoste. Il comptait les autres claims établis sur les deux rives du creek dont une des régions aurifères de l’Alaska recélait la source. Pourquoi ne seraient-ils pas aussi favorisés que ceux de la Klondike River, de son affluent la Bonanza, de ses sous-affluent le Victoria, l’Eldorado, et autres rios, si productifs alors, si recherchés des mineurs ! Il dévorait du regard cette merveilleuse contrée, dont le réseau hydrographique roule ce précieux métal à profusion, lequel, au taux de Dawson-City, valait deux millions trois cent quarante deux mille francs la tonne…

Et, lorsque maître Snubbin le vit si absorbé dans ses réflexions qu’il ne prononçait plus une parole, il crut devoir lui dire :

« Monsieur Raddle, puis-je vous demander si votre intention serait de conserver et d’exploiter le placer de défunt Josias Lacoste ?

— Peut-être, répondit Ben Raddle.

  1. Laissé en blanc.
27