Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ficie de trois cent quatre-vingts hectares aménagé sur la péninsule du nord-ouest.

En quittant la gare, Summy Skim et Ben Raddle, sur le conseil du guide-book, s’étaient fait conduire à Westminster Hôtel, où ils devaient demeurer jusqu’au jour où il serait possible de partir pour le Klondike.

Le difficile fut précisément de trouver une chambre dans cet hôtel, vu l’encombrement. Les voyageurs affluaient à cette époque où les trains et les paquebots versaient jusqu’à douze cents émigrants par vingt-quatre heures. On imaginera sans peine le profit qu’en retirait la ville, et plus spécialement cette classe de citoyens qui se sont donnés la mission de loger, de nourrir les étrangers en leur imposant des prix invraisemblables. Sans doute, ceux-ci n’y séjourneraient que le moins de temps possible, si grande était leur hâte d’être rendus sur les territoires dont l’or les attirait comme l’aimant attire le fer. Mais encore fallait-il pouvoir partir, et la place manquait sur les nombreux steamers qui remontaient vers le nord après escales aux différents ports du Mexique et des États-Unis.

Il en est bien qui vont à travers le Pacifique chercher l’embouchure du Yukon, à Saint-Michel, sur la côte occidentale de l’Alaska, et en remontent le cours jusqu’à Dawson-City, la capitale du Klondike. Cependant, la plupart sont à destination de Victoria et de Vancouver, d’où, en suivant la côte américaine, ils gagnent Dyea ou Skagway. Laquelle de ces deux routes prendraient Ben Raddle, c’était la question que l’ingénieur venait de résoudre. Mais en attendant, Summy Skim et lui durent s’installer tant bien que mal dans une des chambres de Vancouver-Hôtel, où du moins ils n’auraient à se plaindre ni du service ni de la nourriture.

Au surplus, dès qu’ils eurent pris possession de ladite chambre, la première demande que posa Summy Skim, fut celle-ci :

« Et quelle sera la durée de notre séjour à Vancouver, mon cher Ben ?…

— Elle sera de quatre jours environ, répondit Ben Raddle, car c’est à cette date que doit arriver le Foot-Ball

— Va pour le Foot-Ball, répondit Summy. Et qu’est ce Foot-Ball ?…

— Un steamer du Canadian Pacific qui nous transportera à Skagway, et sur lequel je vais dès aujourd’hui retenir deux places.

— Ainsi, Ben, entre les différentes routes par lesquelles on peut se rendre au Klondike, tu as fait ton choix ?…

— Le choix était tout indiqué, Summy, du moment que je ne me décidais pas à gagner l’embouchure du Yukon, une traversée de quatre mille cinq cents kilomètres. Nous prendrons donc la route qui est la plus généralement suivie, et en longeant le littoral de la Colombie sous l’abri des îles, nous atteindrons Skagway sans fatigue. À cette époque de l’année,

44