Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/47

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mes secs jusqu’à Skagway, sans prendre de voyageurs. Du reste, après le Foot-BalI, d’autres paquebots étaient attendus, qui embarqueraient plusieurs milliers d’émigrants à destination du Klondike. Les hôtels et auberges de Vancouver ne pouvaient suffire à les recevoir, et des familles entières couchaient à la belle étoile. Que l’on juge par leurs misères présentes de celles que leur réservait l’avenir, sans abri avec une température si rigoureuse encore !

La plupart de ces pauvres gens, d’ailleurs, e devaient pas se trouver plus confortablement à bord des paquebots qui les transponaient de Vancouver à Skagway, et ensuite, quel interminable, quel épouvantable voyage de Skagway à Dawson-City ! À bord, les cabines de l’arrière et de l’avant suffisaient à peine aux passagers qui voulaient y mettre le prix. L’entrepont donnait asile à des familles qui s’y entassaient pour ces six à sept jours de traversée pendant lesquels ils devaient pourvoir à leurs besoins. Il en était même qui acceptaient d’être enfermés dans la cale comme des animaux, et cela valait encore mieux que d’être exposé sur le pont à toutes les rigueurs atmosphériques, aux rafales glacées, aux tempêtes de neige, si fréquentes en ces parages qui remontent vers le cercle polaire.

À cette époque. Vancouver n’était pas envahie seulement par les émigrants qui accouraient du fond de l’Ancien et du Nouveau-Monde. Il fallait compter aussi avec les centaines de mineurs qui n’entendaient point passer la mauvaise saison dans les glacières de Dawson-City. Pendant l’hiver il est impossible de continuer l’exploitation des claims ; tous les travaux sont forcément suspendus lorsque le sol est recouvert de dix à douze pieds de neige, et lorsque ces épaisses couches, saisies par les froids de quarante à cinquante degrés, aussi dures que du granit, font se briser le pic et la pioche.

Aussi, ceux des prospecteurs qui le peuvent, ceux que la chance a favorisés dans une certaine mesure, préfèrent-ils revenir dans les principales villes de la Colombie. Ils ont de l’or à dépenser, ils le dépensent avec une prodigalité insouciante dont on ne saurait se faire une idée. Ils ont cette conviction que la fortune ne les abandonnera pas… la saison prochaine sera fructueuse… de nouveaux gisements ont été découverts le long des affluents du Yukon et du Klondike, et mettront entre leurs mains des monceaux de pépites. À la fin d’avril ou au commencement de mai, il sera temps de revenir sur les placers et de recommencer la campagne. Ceux-là ont les meilleures chambres dans les hôtels pour passer les six à sept mois d’hiver, comme ils auront les meilleures cabines sur les paquebots pour retourner à Skagway reprendre les routes du nord.

Summy Skim eut promptement constaté que c’était parmi cette catégorie de mineurs que figuraient les gens les plus violents, les plus gros-

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