Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ma foi, dit Summy Skim, c’est une bonne chance de ne plus avoir ces butors pour compagnons de voyage ! et je plains ceux qui feront route avec eux… à moins qu’ils ne se valent, ce qui est fort probable dans ce joli monde des chercheurs d’or.

— Sans doute, répondit Ben Raddle, mais lesdits butors ont cette chance de ne point être retardés à Skagway, tandis qu’il nous faudra quelques jours…

— Eh ! nous arriverons, Ben, nous arriverons ! s’écria Summy Skim, et même, une fois arrivés, nous avons la perspective de retrouver ces deux coquins sur le claim 127 voisin du 129 !… Agréable circonstance… Aussi aurons-nous hâte de vendre le nôtre au meilleur prix et de reprendre le chemin du retour ! »

Si Summy Skim n’avait plus à se préoccuper des deux Texiens, il n’en fut pas de même des deux religieuses débarquées du Foot-Ball. Ben Raddle et lui n’avaient pu songer sans émotion, sans pitié, aux dangers comme aux fatigues auxquels allaient être exposées ces saintes femmes. Et quel appui, quel secours pourraient-elles jamais trouver, s’il fallait, au milieu de cette cohue d’émigrants chez qui l’envie, la cupidité, la passion de l’or éteignaient tout sentiment de justice et d’honneur ? Et elles étaient parties sans hésitation, pour prendre cette longue route du Klondike, déjà jonchée de cadavres par centaines, et elles ne reculaient pas devant ces périls que l’homme le plus résolu eût été excusable de redouter.

Le lendemain, Summy Skim et Ben Raddle eurent l’occasion de rencontrer ces sœurs de la Miséricorde, alors qu’elles faisaient des démarches pour se joindre à une caravane dont les préparatifs de départ seraient achevés dans quelques jours. Cette caravane ne comprenait guère que des gens misérables, incultes et grossiers, et une telle compagnie pour les deux religieuses pendant ce long voyage à travers la région des lacs sur un parcours de (…) kilomètres entre Skagway et Dawson-City !

Dès qu’ils les eurent aperçues, les deux cousins se dirigèrent vers elles avec l’espoir de pouvoir leur être utiles. Elles avaient passé la nuit dans une petite maison religieuse de Skagway.

Summy Skim s’approcha donc, et, très respectueusement, il leur demanda si, après les fatigues de cette traversée, elles ne comptaient pas prendre quelque repos.

« Nous ne le pouvons pas, répondit sœur Marthe, la plus âgée des deux.

— Vous rendez (-vous) au Klondike ?… demanda Summy Skim.

— Oui, monsieur, répondit sœur Marthe. Les malades sont très nombreux à Dawson-City. La Supérieure de l’hôpital nous attend, et malheureusement, nous sommes encore loin…

62