Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, lorsqu’il fut revenu dans la salle commune, le Scout, qui l’avait entendu, crut devoir lui dire :

« Oui, le plus fort est fait comme fatigue, mais non comme temps, et il reste encore plusieurs centaines de lieues à parcourir pour atteindre le Klondike.

— Je le sais, mon brave Bill, répondit Summy Skim, mais j’ai quelque raison de penser que cette seconde partie du voyage s’effectuera sans dangers ni fatigues.

— En quoi vous avez tort, monsieur Skim, répondit le Scout.

— Cependant, nous n’aurons plus qu’à nous abandonner au courant des lacs, des rivières et des fleuves…

— Sans doute, mais la saison de l’hiver est loin d’être terminée. Notre bateau, lorsque se produira la débâcle, sera très exposé au milieu des glaçons en dérive, et plus d’une fois nous serons obligés à des portages pénibles…

— Décidément, reprit Summy Skim, il reste encore à faire pour que le touriste puisse voyager confortablement à travers ces territoires du Dominion ! Et je pense même qu’il n’en sera jamais rien…

— Et pourquoi pas ? répliqua Ben Raddle, puisqu’il est question d’y établir un railroad. Est-ce qu’on ne va pas commencer les travaux du chemin de fer de Skagway au lac Benett, qui devra être continué jusqu’au fort Selkirk ?… Un trajet de cinq heures jusqu’au lac, avec trois trains par jour, le billet à cinquante francs, la tonne de fret à trente francs… Deux mille hommes vont être employés à ce travail par l’ingénieur Hawkins, et payés à raison d’un franc cinquante l’heure…

— Bon… bon ! s’écria Summy Skim, je sais que tu es toujours exactement renseigné, mon cher Ben. Mais il y a ceci que tu oublies, et que les ingénieurs oublient aussi : c’est que le Klondike sera vidé de tout son or avant que le railway soit achevé, et plus de gisements, plus de prospecteurs, plus de trafic… le pays sera abandonné…

— Allons donc, riposta Ben Raddle. Est-ce votre avis, Bill Stell ?… »

Le Scout se contenta de secouer la tête sans autrement répondre.

Sur une autre demande que lui fit Ben Raddle, il étala une carte assez grossièrement faite de tout le territoire arrosé par le Yukon depuis la région des lacs jusqu’à la frontière de l’Alaska au-delà du Klondike.

« Voici d’abord, dit-il, le lac Lindeman qui s’étend au pied du Chilkoot, et que nous aurons à traverser dans toute sa longueur.

— Quelle est-elle ? demanda Summy Skim.

85