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le volcan d’or.

le bateau qui glisserait sur l’un de ses flancs et que les hommes suivraient à pied.

Le temps était calme, l’âpre bise de la journée précédente avait molli et tendait à retomber vers le Sud. Cependant le froid était vif — une douzaine de degrés sous zéro, — circonstance favorable et très propice à la marche que rendent si pénibles les tourmentes de neige.

Le lac Lindeman traversé vers onze heures, une heure suffit à franchir les deux kilomètres qui le séparent du lac Bennet, et, à midi sonnant, le Scout et sa caravane faisaient halte à la station qui s’élève à son extrémité méridionale.

À cette station du lac Bennet, l’encombrement était aussi considérable qu’au Sheep Camp de la passe du Chilkoot. Plusieurs milliers d’émigrants l’occupaient en attendant l’occasion de poursuivre leur route. De toutes parts étaient dressées des tentes, que cabanes et maisons ne tarderont pas à remplacer, si l’exode vers le Klondike continue quelques années encore.

Déjà en cet embryon de village, qui deviendra peut-être bourgade et ville, on trouvait des auberges qui pourront devenir des hôtels, des scieries et des chantiers de construction navale, disséminés sur les rives du lac, sans parler d’un poste de policemen dont les fonctions ne laissent pas d’être fort dangereuses au milieu de ces aventuriers lâchés à travers la région.

L’Indien Neluto avait sagement fait de donner à la manière normande ses prévisions du temps. Au commencement de l’après-midi, un brusque changement se produisit dans l’état atmosphérique.

Le vent passa franchement au Sud, et le thermomètre remonta à 0° centigrade. C’étaient là des symptômes auxquels on ne pouvait se méprendre. Il y avait lieu de croire que la saison froide touchait à sa fin, et que la débâcle rendrait bientôt libre la surface des cours d’eau et des lacs.

Déjà, le lac Bennet n’était plus pris sur toute son étendue.