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le volcan d’or.

Mais, auparavant, il nous faudra suivre la Lewis River, et c’est dans cette partie du voyage que les embarras sont les plus grands. Nous avons à franchir les rapides de White Horses, où plus d’une embarcation s’est perdue corps et biens. Ces rapides constituent en effet le plus sérieux danger pour la navigation entre Skagway et Dawson City. Ils occupent trois kilomètres et demi des quatre-vingt-cinq qui séparent le lac Marsh du lac Labarge. Sur cette courte distance, la différence de niveau n’est pas inférieure à trente-deux pieds, et le cours de la rivière est encombré de récifs contre lesquels les embarcations risquent fort de se briser.

— On ne peut donc suivre les berges ? demanda Summy Skim.

— Elles sont impraticables, répondit le Scout. Mais on construit un tramway qui transportera les bateaux tout chargés en aval des rapides.

— Si l’on construit ce tramway, reprit Summy Skim, c’est qu’il n’est pas encore terminé, Scout ?

— En effet, monsieur, bien que des centaines d’ouvriers y travaillent.

— Alors, nous n’avons pas à nous en occuper. Vous verrez même, mon brave Bill, qu’il ne sera pas achevé à notre retour.

— À moins que vous ne restiez au Klondike plus longtemps que vous ne le pensez, répondit Bill Stell. On sait bien quand on va au Klondike ; on ne sait pas quand on en revient…

— Ni même si on reviendra ! » approuva Summy Skim avec conviction.

Ce fut dans l’après-midi du lendemain, 9 mai, que le bateau, en descendant la rivière, atteignit les rapides de White Horses. Il n’était pas seul à s’aventurer dans cette dangereuse passe. D’autres embarcations le suivaient, et combien de celles qui se présentaient ainsi en amont ne se retrouveraient plus en aval !..

On comprendra aisément que les pilotes affectés au service des White Horses exigent un prix élevé. Ces trois kilomètres leur