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summy ne prend pas le chemin de montréal.

parerons dans la mesure de nos moyens à deux conditions : nous hâter et nous taire. »

On ne s’étonnera pas que l’ingénieur voulût, à partir de ce jour, se tenir au courant de toutes les nouvelles qui circulaient dans le monde des chercheurs d’or. Jane ne s’y intéressait pas moins que lui, et, le plus souvent, tous deux s’entretenaient du sujet qui les préoccupait. Mais ils étaient résolus à garder pour eux seuls jusqu’à la dernière minute le secret du Volcan d’Or. Ben Raddle n’en avait même pas parlé à Summy Skim. Rien ne pressait, d’ailleurs, puisqu’il n’y avait que trois mois d’écoulés sur les huit que compte la saison d’hiver au Klondike.

Sur ces entrefaites, la commission de rectification de la frontière fit connaître le résultat de ses travaux. Elle concluait que les réclamations n’étaient admissibles, ni d’un côté, ni de l’autre. Aucune erreur n’avait été commise. La frontière entre l’Alaska et le Dominion, exactement tracée, ne devait être reculée, ni à l’Ouest au profit des Canadiens, ni à l’Est à leur détriment, et les claims limitrophes ne seraient point obligés de subir un changement de nationalité.

« Nous voilà bien avancés ! dit Summy Skim, le jour où il apprit cette nouvelle. Le 129 est canadien, c’est entendu. Par malheur, il n’y a plus de 129. On le baptise après sa mort.

— Il existe sous le Forty Miles Creek, répondit le contre-maître qui ne voulait pas renoncer à tout espoir.

— Très juste ! Lorique. Vous avez parfaitement raison. Allez donc l’exploiter à cinq ou six pieds sous l’eau ! À moins qu’un second tremblement de terre ne vienne remettre les choses en l’état, je ne vois pas…

Et Summy Skim, haussant les épaules, ajouta :

« D’ailleurs, si Pluton et Neptune doivent encore collaborer au Klondike, j’espère bien que ce sera pour en finir une bonne fois avec cet affreux pays, pour le bouleverser et le submerger si bien qu’on ne puisse plus y recueillir une seule pépite.