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summy ne prend pas le chemin de montréal.

feriez bien mieux de vous montrer meilleur compagnon et de venir tout simplement avec nous prendre votre part du butin. Le Golden Mount pourra sans peine nous enrichir tous les trois.

Summy devint rouge comme un coq. D’une seule haleine, il aspira une quantité d’air telle qu’il y avait lieu de se demander s’il allait en rester pour les autres.

— Mais, dit-il effrontément, je ne désire pas autre chose, moi !

Ce fut au tour de Jane d’être étonnée.

— Bah !.. fit-elle. Que me racontait donc M. Ben Raddle ?

— Ben ne sait ce qu’il dit, affirma Summy avec l’audace d’un menteur endurci. Je lui ai fait quelques objections de détail, il est vrai ; mais mes objections portent uniquement sur l’organisation de l’expédition. Son principe est hors de discussion.

— À la bonne heure ! s’écria Jane.

— Voyons, mademoiselle Jane, comment renoncerais-je à un pareil voyage ? Au vrai, ce n’est pas l’or qui me tente, moi. C’est…

Summy s’interrompit, fort empêché de dire ce qui l’intéressait. En réalité, il n’en savait rien.

— C’est ?.. insista Jane.

— C’est la chasse, parbleu. Et le voyage lui-même, la découverte, l’aventure…

Summy devenait lyrique.

— Chacun son but, » conclut Jane qui partit pour rendre compte à Ben Raddle du résultat de sa démarche.

Celui-ci ne fit qu’un bond jusqu’à l’hôtel.

« C’est bien vrai, Summy ? demanda-t-il en abordant son cousin. Tu te décides à être des nôtres ?

— T’ai-je jamais dit le contraire ? » répliqua Summy avec une si prodigieuse impudence que Ben Raddle décontenancé se demanda depuis s’il n’avait pas rêvé les longues discussions des jours précédents.