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Page:Verne - Le volcan d'or.pdf/387

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où ben raddle intervient.

nait les excursionnistes au sommet de la montagne lui interdisant la chasse, il s’était avisé, pour charmer ses loisirs, de s’attribuer, exceptionnellement, les fonctions de l’intendante absente. Sanglé dans un tablier, qui le fit trébucher plus d’une fois, brandissant fourchette et couteau, il s’activa à la confection d’un repas qui allait être succulent, si le cuisinier avait autant de talent que de zèle.

Quand, le brouillard enfin dissipé, les ascensionnistes purent regagner le camp, Jane eut la surprise de voir la table prête et le déjeuner cuit à point. Il ne lui fut pas difficile d’en deviner l’auteur. Summy ne se cachait pas, loin de là. Il se faisait voir, au contraire, non sans une certaine vanité, toujours sanglé dans son tablier et armé de ses ustensiles culinaires, le teint rendu écarlate par la chaleur du feu.

« À table ! cria-t-il joyeusement dès que Jane et ses deux compagnons furent à portée de la voix.

Lorsque tout le monde fut assis, il voulut servir lui-même sa jeune compagne de route. Avec la correction d’un valet bien stylé il lui présenta un plat où celle-ci puisa copieusement.

« N’ayez pas peur d’en prendre, mademoiselle Jane, répétait Summy pendant ce temps. Vous m’en direz des nouvelles.

Cependant, au moment où elle allait goûter les produits du cuisinier improvisé, celui-ci l’arrêta du geste.

« Un mot auparavant, mademoiselle Jane, dit-il, pour vous faire remarquer, dût cela modifier vos idées, que les hommes peuvent être parfois bons à quelque chose !

Jane, sans répondre, goûta le mets placé dans son écuelle.

— Ce n’est pas mon avis, » prononça-t-elle froidement.

Le ragoût était détestable, en effet, et Summy, très humilié, fut forcé d’en convenir après l’avoir goûté à son tour.

Bon ou mauvais, le déjeuner fut toutefois fort apprécié par ces estomacs affamés. Les dents ne chômaient pas, et les langues pas davantage.