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où l’on se fait sauter.

Bien armée, au complet, la troupe des Canadiens s’était réfugiée au delà du Rio Rubber sur le rivage de l’Océan. Immobiles et silencieux, tous surveillaient anxieusement le phénomène.

Tout à coup, le sol fut secoué d’un frisson, et un grondement terrible vint des entrailles de la terre. Puis il se passa une étrange chose. La plaine entière parut onduler à perte de vue dans le Sud, et une poussière opaque s’éleva dont fut obscurci le disque éclatant du soleil.

Les Canadiens furent saisis de terreur. Tous, jusqu’au plus brave, connurent la peur en concevant quelle invincible force leurs faibles mains avaient déchaînée.

Mais déjà la colère du volcan semblait s’apaiser. Le nuage de poussière retombait et laissait de nouveau apercevoir le soleil.

On se rassura. Des soupirs dilatèrent les poitrines oppressées, les cœurs ralentirent leurs battements éperdus. On échangea même des sourires incertains, et l’on osa regarder autour de soi.

Rien n’était changé dans la nature. Le Rio Rubber allait toujours se perdre dans l’océan Arctique, dont les vagues continuaient à se briser sur le même rivage. Le Golden Mount, géant frappé au talon d’une blessure insignifiante et mortelle, dressait toujours son front empanaché de fumées et de flammes, indifférent au torrent d’eau que le canal déversait toujours dans ses vastes flancs.

Un nouveau quart d’heure s’écoula, et soudain, sans que rien l’eût fait pressentir, une explosion terrible retentit.

Un morceau de montagne s’écroula et tomba dans la mer, qui fut soulevée en une lame prodigieuse. Accompagnées de pierres, de morceaux de laves durcies, de scories, de cendres, des flammes et des fumées tourbillonnant à grand fracas jaillirent hors du cratère et s’élancèrent à plus de cinq cents mètres dans les airs.

À partir de ce moment, les détonations succédèrent aux déto-