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Page:Verne - Le volcan d'or.pdf/522

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le volcan d’or.

sommes d’accord, pourquoi perdre un temps précieux ? Agissons, que diable ! Agissons ! »

On eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu’un mariage, et, a fortiori, deux mariages, ne pouvaient s’improviser au milieu de la nuit, et on ne parvint à le calmer qu’en s’engageant à réduire au minimum les indispensables délais.

On se hâta, en effet, et, quelques jours plus tard, le double mariage était célébré au temple de Dawson. Ce fut une belle cérémonie. Les aventures des deux couples rendaient ceux-ci légendaires. Toute la population, un peu raréfiée à vrai dire en cette saison par l’exploitation des gisements aurifères, faisait la haie sur le passage du cortège. La beauté impérieuse de Jane, la grâce fière d’Edith, l’air énergique de Ben Raddle et la superbe prestance de Summy Skim furent admirés par un nombreux public.

Ils étaient là, tous les compagnons de misère et de victoire, Lorique, le Scout et le personnel entier de l’expédition du Golden Mount. Edith donnait le bras au docteur Pilcox, plus joyeux et plus rond que jamais, et Jane était conduite à l’autel par le gigantesque Patrick aussi rutilant que le soleil dans la gloire de ses habits neufs. Jane avait voulu qu’il en fût ainsi, et l’Irlandais ne se montrait pas peu fier de l’honneur que lui faisait sa jeune maîtresse, qu’il s’entêtait ingénument à appeler « monsieur Jean », en dépit de sa robe blanche et de son bouquet de fleurs d’oranger…

— Donne-moi le bras, Patrick.

— Oui, monsieur Jean.

— Fais donc attention, Patrick. Tu marches sur la traîne de ma robe.

— Oui, monsieur Jean. »

Il n’en démordait pas. Jane riait de tout son cœur.

Les nouveaux époux quittèrent Dawson le soir même du mariage, sur l’un des steamers descendant le Yukon. Lorique et le