déchirés. Une sorte de folie contagieuse semblait avoir pris possession de la foule, lorsque, vers une heure, quelque chose de mystérieux sembla passer comme un frisson à travers ces groupes agités.
Une nouvelle étonnante, inattendue, incroyable, venait d’être apportée par l’un des associés de la « Banque du Far-West » et circulait avec la rapidité de l’éclair.
Les uns disaient :
« Quelle plaisanterie !… C’est une manœuvre ! Comment admettre une bourde pareille ?
— Eh ! eh ! faisaient les autres, il n’y a pas de fumée sans feu !
— Est-ce qu’on sombre dans une situation comme celle-là ?
— On sombre dans toutes les situations !
— Mais, monsieur, les immeubles seuls et l’outillage représentent plus de quatre-vingts millions de dollars ! s’écriait celui-ci.
— Sans compter les fontes et aciers, approvisionnements et produits fabriqués ! répliquait celui-là.
— Parbleu ! c’est ce que je disais ! Schultze est bon pour quatre-vingt-dix millions de dollars, et je me charge de les réaliser quand on voudra sur son actif !
— Enfin, comment expliquez-vous cette suspension de paiements ?
— Je ne me l’explique pas du tout !… Je n’y crois pas !
— Comme si ces choses-là n’arrivaient pas tous les jours et aux maisons réputées les plus solides !
— Stahlstadt n’est pas une maison, c’est une ville !
— Après tout, il est impossible que ce soit fini ! Une compagnie ne peut manquer de se former pour reprendre ses affaires !
— Mais pourquoi diable Schultze ne l’a-t-il pas formée, avant de se laisser protester ?
— Justement, monsieur, c’est tellement absurde que cela ne supporte pas l’examen ! C’est purement et simplement une fausse nouvelle, probablement lancée par Nash, qui a terriblement besoin d’une hausse sur les aciers !
— Pas du tout une fausse nouvelle ! Non-seulement Schultze est en faillite, mais il est en fuite !
— Allons donc !
— En fuite, monsieur. Le télégramme qui le dit vient d’être placardé à l’instant ! »