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« Ce sont eux, » s’écria Glenarvan.

Thalcave et lui communiquèrent à leurs chevaux une allure plus rapide encore, et quelques instants après, ils rejoignirent le détachement conduit par Paganel. Un cri s’échappa de la poitrine de Glenarvan. Robert était là, vivant, bien vivant, porté par le superbe Thaouka qui hennit de plaisir en revoyant son maître.

« Ah ! mon enfant ! mon enfant ! » s’écria Glenarvan, avec une indicible expression de tendresse.

Et Robert et lui, mettant pied à terre, se précipitèrent dans les bras l’un de l’autre. Puis, ce fut au tour de l’Indien de serrer sur sa poitrine le courageux fils du capitaine Grant.

« Il vit ! il vit ! s’écriait Glenarvan.

— Oui ! répondit Robert, et grâce à Thaouka ! »

L’Indien n’avait pas attendu cette parole de reconnaissance pour remercier son cheval, et, en ce moment, il lui parlait, il l’embrassait, comme si un sang humain eût coulé dans les veines du fier animal.

Puis, se retournant vers Paganel, il lui montra le jeune Robert :

« Un brave ! » dit-il.

Et employant la métaphore indienne qui sert à exprimer le courage :

« Ses éperons n’ont pas tremblé ! » ajouta-t-il.

Cependant, Glenarvan disait à Robert en l’entourant de ses bras :

« Pourquoi, mon fils, pourquoi n’as-tu pas laissé Thalcave ou moi tenter cette dernière chance de te sauver ?

— Mylord, répondit l’enfant avec l’accent de la plus vive reconnaissance, n’était-ce pas à moi de me dévouer ? Thalcave m’a déjà sauvé la vie ! Et vous, vous allez sauver mon père. »


CHAPITRE XX


LES PLAINES ARGENTINES.


Après les premiers épanchements du retour, Paganel, Austin, Wilson, Mulrady, tous ceux qui étaient restés en arrière, sauf peut-être le major Mac Nabbs, s’aperçurent d’une chose, c’est qu’ils mouraient de soif. Fort heureusement, la Guamini coulait à peu de distance. On se remit donc en route, et à sept heures du matin la petite troupe arriva près de l’enceinte.